1. |
Le Dos-de-nez-d'homme
03:54
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1. Dans un coin ravagé d’une rue de ma ville
Habitait solitaire un grand rat rabougri
Il avait voyagé de Cebu à Séville
Puis quitté l’Angleterre sur un grand bateau gris.
Une vie pas ratée, une belle et gross(e) panse
À un certain moment il fut même prud’homme
Et quoiqu’un peu athée il disait de sa chance :
« C’est grâce à mon talisman, mon dos-de-nez-d’homme. »
2. Mais la vie se plaît tant à commettre délit
Écoutez qu’on en rit cette drôle d’histoire :
Un matin en quittant son râtelier de lit
Notre rat ahuri frôle le désespoir.
Il a beau ratisser et chercher et fouiller
Quelque chose lui manque; il prend le téléphone :
« Mon ami Dufossé, n’aurai-j(e) pas oublié
En sortant de ta banque mon beau dos-de-nez-d’homme? »
3. Son précieux talisman n’est pas chez Dufossé
Il descend dans la rue et voit le chat Roger
Il rêve un court moment de le voir désossé
Puis vers lui il se rue pour mieux l’interroger :
« Bien l’bonjour mon cher chat! Comment allez-vous donc?
Z’auriez pas vu traîner un objet obsolète? »
Le chat dans un crachat gentiment lui répond :
« Raval(e), rac(e) de raté! j’ai pas ta ramulette! »
4. Notre ami à la fin sent que l’espoir le lâche
En arpentant les rues, il questionne un flâneur,
Un(e) fourmi, un dauphin, une poire, une vache,
Mais personne n’a vu son cher porte-bonheur.
Alors c’en est assez, la rage au cœur se tisse
Son humeur se défait et tous ses nerfs se tendent :
« Dieu où es-tu passé? Quelle est cette injustice?
Car moi je n’ai rien fait pour mériter autant de... »
Comme il parlait encore un autocar l’écrase
Ses viscèr(es) se déforment et son sang l’abandonne;
Examinant son corps un toubib en extase
Trouv(e) le dos-du-nez-d’homme...
Trouv(e) le dos-du-nez-d’homme...
Trouv(e) le dos-du-nez-d’homme...
Dans son duodénum.
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2. |
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1. Il était une fois dans l’ancienne Russie
Une jeune orpheline aux tendres et doux penchants;
Ses parents adoptifs étant durs et méchants,
Nous dirons que sa vie était peu réussie.
De durs labeurs on la chargeait,
On la chargeait, on l’insultait, on la battait.
2. Au milieu des tourments, la pauvre Natacha
Trouve le réconfort dans l’amitié tacite
D’un gentil animal qui jamais ne la quitte,
Un compagnon fidèle, un charmant petit chat.
Il était beau, il était fier,
Il était beau avec son œil bleu, son œil vert.
3. La méchante matrone un jour dit au mari :
« Demain vient au village un marché ambulant;
Paraitrait qu’il y a, parmi tous ces marchands,
Un revendeur de femmes achetant à bon prix…
Vendons-lui donc la Natacha,
Vendons-lui donc et nous s’rons rich’s comm’ des pachas. »
4. Ce plan plaît à l’époux, au point qu’il en sourit,
Mais n’étant pas brillant, demande à sa tigresse :
« – Et comment ferons-nous pour qu’il la reconnaisse?
– Son chat aux yeux vairons!… imbécil’ de mari! »
On écrit donc au malotru
Mais par bonheur la jeun’ femme a tout entendu.
5. Le lendemain matin, on envoie-t-au marché
L’orpheline et son chat pour qu’ils se rendent chez
Chacun des cent marchands et tombent dans le piège;
Mais la voilà qui part chantant de gais arpèges…
Car Natacha, à chaque achat,
À chaque achat, Natacha cachera son chat.
6. Ell’ s’arrête d’abord chez le marchand d’épices,
Un homme raffiné qui la mange des yeux :
« Madame, votre iris fait la gloire des cieux,
Tout autant que les dieux, j’en prise les délices… »
Car Natacha, à chaque achat,
À chaque achat, Natacha cachera son chat.
7. Puis tout au long du jour, ell’ voit des boulangers,
Verriers, bouchers, tiss’rands, maraîchers, poissonniers;
À chacune station s’alourdit son panier,
Mais toujours elle sait éviter le danger.
À chaque achat, la Natacha,
À chaque achat, la Natacha cacha son chat.
8. Ell’ termine sa course au milieu des tapis
Le marchand lui sourit mais semble vilain-t-homme :
« Fillette, je voudrais toucher ces belles pommes
Que j’envie plus que cell’s de Reinette et d’Api. »
Mais Natacha, encore une fois,
Encore une fois la Natacha cacha son chat
9. Le revendeur ne vit jamais passer sa proie,
Bien mieux : la Providence, en ce jour épatant,
Voulut qu’en ce marché, le fils aîné d’un roi
(Une âme généreuse, un bon prince d’antan)
Vînt à se promener et voyant l’orpheline
Fut saisi par l’amour, foudroyé dans l’instant;
Preuve qu’en certains cas, il faut bien peu de temps
Pour que splendidement un destin s’illumine.
Et cette fois, la Natacha,
Et cette fois, la Natacha MONTRA son chat!
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3. |
La Trompette
05:59
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1. Quand le matin pointe son nez
À l’horizon de ta fenêtre
Quand tous tes réveils ont sonné
Le temps merveilleux de renaître
Tu dois te vider la vessie
Manger puis te laver encor
Mais à l’heur de vêtir ton corps
Mon ami note bien ceci :
Si ta chemise mise
Si ta moustache tache
Ta camisole isole
Et ton escarpin peint
Si ton pardessus sue
Si ton imper en perd
Si ta casquette quête
Et si tes claques claquent
Dis-toi que tout va bien
Tout va vraiment très bien
Tant que se porte bien
La trompette
2. Puis tu dois te rendre au bureau
Pour la besogne quotidienne
Et de là te rendre au bourreau
Car l’industrie c’est pas la tienne
Le bateau a encore grossi
Et se fout bien de ses noyés
Mais à l’heur de jouer l’employé
Mon ami note bien ceci :
Si ton porte-mine mine
Ton affreuse agrafeuse
Si tes punaises niaisent
Et si t’as plus ma plume
Et même s’il arrive
Que ton efface fasse
Que mon imprimante mente
Afin qu’ton modem aime
Dis-toi que tout va bien
Tout va vraiment très bien
Tant que se porte bien
La trompette
3. Tu aimes tant les animaux
Ta grande maison en est pleine
Ils se sont tous donné le mot
Pour te chauffer de leur haleine
C’est leur façon de dire « merci »
À tes égards à ta bonté
Mais à l’heur de les décrotter
Mon ami n’oublie pas ceci :
Si ton moustique tique
Si ta cigale gale
Si ta chenille nie
Ou si ta mouche mouche
Si ton beau hibou bout
Si ton mouton mou tond
Si ton castor a tort
Si ton éléphant fend
Et même s’il arrive
Que ton macaque attaque
Que ta tortue torture
Ou qu’ton hippopotame t’aime
Dis-toi que tout va bien
Tout va vraiment très bien
Tant que se porte bien
La trompette
4. Quand vient temps de cuisiner
Toi le gourmand, toi le lécheur
Tu sais qu’il faut pas lésiner
Sur la qualité, la fraîcheur
Du gros gigot jusqu’au persil
Tu cultives la perfection
Mais à l’heur de la concoction
Mon ami n’oublie pas ceci :
Si ta courgette jette
Si ta carotte rote
Si ton céleri rit
Ou si ton piment ment
Si ton orange range
Si ta pêche s’empêche
Si ton kiwi dit oui!
Mais ton ananas na!
Si ton café a fait
Ton cacao K.O.
Ton brocoli au lit
Et ta mélasse lasse
Si tes amendes mandent
Que tes asperges aspergent
Ta belle pastèque aztèque
Et ta palourde lourde
Si tes myrtilles titillent
Si ton seitan s’étend
Si tes canneberges hébergent
Des crustacés tassés
Et même s’il arrive
Que ta compote complote
Qu’ton radis irradie
Et que ta laitue tue!
Dis-toi que tout va bien
Tout va vraiment très bien
Tant que se porte bien
La trompette
5. Mais puisqu’on parle des passions
Qui t’enjolivent l’existence
Il faudrait point que nous passions
Le mot « musique » sous silence
Car « do ré mi fa sol la si »
C’est le domaine où tu t’évades
Mais à l’heur de la sérénade
Mon ami prends garde à ceci :
Si ta flûte lutte
Ta clarinette rit net
Si ton hautbois aboie
Et ton basson... passons!
Si ton métronome nomme
Ta cornemuse muse
Si ta batterie trie
Et si ton tam-tam t’aime
Si ton beau tuba bat
Ton vilain violon long
Ou si ton piccolo colle au
Susaphone aphone
Dis-toi que tout va bien
Malgré ces entourloupettes
Mais sauve-toi bien loin
Si la trompette...
Si la trompette...
Si la trompette...
Te trompe!
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4. |
Lapinichou
02:10
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5. |
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Vous êtes assurément, monsieur de La Fontaine
Un très fin psychologue, un louable écrivain
Vous avez fait de jolies fables par centaines
Et moi, de bell(e)s chansons, je n’en ai qu’écrit vingt !
Vos fables cependant me semblent inégales
Je pense par exemple à celle des insectes
J’en ai vu des fourmis, j’en ai vu des cigales
Malgré votre opinion, qu’en tout point je respecte,
Jamais ces créatures, à cause d’un madrigal,
Ne furent à ce point bêtes, égoïstes ou infectes
(Les vôtres devaient être amis de quelque secte).
Je me permettrai donc, monsieur de La Fontaine,
Armé d’un fin papier, d’une plume fontaine,
De retoucher l’histoire un peu trop puritaine
De ces deux malheureux animaux à antennes.
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6. |
La Fourmi et la Cigale
02:53
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La Fourmi ayant bossé
Tout l’été
Se trouva fort dépourvue
Quand la bise fut venue,
Pas un seul petit morceau
De guitare ou de saxo.
Elle alla pleurer, chagrine
Chez la Cigale, sa voisine
La priant de lui montrer
Quelques chants pour subsister
En ce temps d’ennui mortel;
Je vous paierai, lui dit-elle,
Ma vie est tellement banale,
Je néglige le principal !
La Cigale n’est pas véreuse,
C’est la son moindre défaut,
Que faisiez-vous au temps chaud ?
Dit-elle à cette malheureuse.
- Nuit et jour fourmillonnant,
Je trimais pour être à l’aise.
- Vous trimiez ! Pauvre punaise !
Eh bien ! chantons maintenant !
***
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7. |
Pour nos graphiques
04:20
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1. Bonjour ma chèr’ madam’ vous allez bien?
Avez-vous devant vous quelques minutes?
J’aimerais si cela ne vous fait rien
Vous poser des questions… Bon, je débute!
Je représent’ un’ grand’ corporation
Nous aimerions tout savoir tout connaître
De vos habitudes de consommation
Et je vous prierais de ne rien omettre
Qu’est-ce que vous ach’tez?
Pourquoi vous ach’tez?
Qu’est-c’ qui vous attire?
Qui vous fait plaisir?
Vous met en confiance?
Endort la méfiance?
Ce n’est pas pour connaître en ces moindres détails
Vos instincts les plus bas, votre psychologie
Ce n’est pas pour vous tendre des pièges canailles
Que je veux m’introduire dans votre logis
C’est un’ méthod’ scientifique
À bas' de notions théoriques
Qui de façon systématique
Transform’ les données empiriques
En vérités plus véridiques
Ça n’a rien de machiavélique
Ce n’est pas pour faire du fric
C’EST POUR NOS GRAPHIQUES!
2. Bonjour mademoisell’ vous allez bien?
Avez-vous devant vous quelques minutes?
M’accorderez-vous un p’tit entretien?
Car mon métier exige que je scrute
Je travaill’ pour un’ firme de sondage
Confidentialité garantie
Nous menons une étude par tranch’ d’âge
Que pensez-vous de nos chefs de partis?
Qui est le plus beau?
Le plus rigolo?
Lequel a du charme?
Lequel vous désarme?
Lequel vous promet
Bonheur à jamais?
Ce n’est pas pour tromper notre démocratie
Que chaqu’ jour nous donnons à nos incertitudes
Des allures de vrai, de réel, de précis
Et tant pis si s’y font prendre les multitudes
C’est un’ méthod’ scientifique
À bas' de notions théoriques
Qui de façon systématique
Transform’ les données empiriques
En vérités plus véridiques
Ça n’a rien de machiavélique
Ce n’est pas pour faire du fric
C’EST POUR NOS GRAPHIQUES!
3. Bonjour mon cher monsieur vous allez bien?
Vous avez aujourd’hui beaucoup de chance
On vous a choisi, vous, homme moyen
Vous deviendrez célèbre même en France
Je suis de la télé le magicien
Vous devez simplement nous laisser voir
Tous les détails de votre quotidien
Nos auditeurs se meurent de savoir :
Comment vous mentez
Comment vous trichez
Comment vous pleurez
Comment vous baisez
Votre petitesse
Toutes vos bassesses
Ce n’est pas pour remplir nos grands coffres d’argent
Que nous diffuserons aux heurs de grande écoute
Vos propos et vos gestes les plus affligeants
Ce qui vous fait plaisir jamais ne nous dégoûte!
C’est un’ méthod’ scientifique
Appuyée par le théorique
Qui de façon systématique
Anéantit le sens critique
Par des allusions érotiques
Ça n’a rien de machiavélique
Ce n’est pas pour faire du fric
C’EST POUR NOS GRAPHIQUES! (bis)
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8. |
Alors les enfants...
00:30
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9. |
Solfège amoureux
04:01
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Daniel Normand Quebec City, Québec
Chansons loufoques, chansons cocasses, fraîcheur enfantine, histoires anodines...
Textes finement ciselés, musiques aux
accents jazz ou manouches...
Tout ce qu'il faut pour s'évader,
pour oublier
de nos vies les cent soucis,
les mille et cent soucis de cette époque trop farouche.
... more
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